Fonction publique territoriale

Sens du travail-FPT

 

Ci-dessous un lien pour un entretien-vidéo réalisé par l'INSET-CNFPT de Montpellier, suite à un congrès rassemblant les conseillers en organisation des collectivités territoriales.

 

 http://video.cnfpt.fr/questions-cles/entretien-avec-jerome-grolleau-sociologue

 

Entretien fondé sur l'étude "Réenchanter le quotidien : le sens de l'action publique locale", commanditée et publiée par l'Observatoire Social Territorial de la MNT

 

 

" Cassé, tu finiras ! "

 

Ndw 16 / Chroniques territoriales. La GPEC se heurte généralement à la fameuse question : comment prévoir dans un monde imprévisible ? Si ce paradoxe mériterait d'être questionné, il ne doit pas pour autant masquer ce qui relève de la certitude.

Or, il est certain que l'exercice durable de métiers physiques et répétitifs exposent les corps à des risques clairement identifiés. Nous pensons bien évidemment à la multitude d'agents catégorie C des collectivités oeuvrant dans la petite enfance, la restauration, l'entretien, les services techniques, etc.

Il est donc certain qu'une grande part de ces d'agents développeront inéluctablement dans leur seconde partie de carrière de multiples problèmes de santé portant atteinte à leur vie personnelle et que leur vie professionnelle sera balisée par les diverses restrictions médicales et inaptitudes.

Il est tout aussi certain que les déboires physiques des uns "se propagent" dans l'entourage professionnel proche : l'absentéisme et les restrictions accentuant la charge de travail des collègues et du chef d'équipe en fin de carrières mettant la main à la patte.

Il est enfin certain que tout ce gâchis humain coute et coutera cher aux collectivités.

Ce scandale est connu. Des voix se font entendre (notamment, l'ANDRH-Grandes Collectivtés et son Président Johan Theuret). Des initiatives sont sans aucun doute prises. Il est donc temps de prendre la question collectivement et à bras le corps : sensibilisation dès l'embauche, voire limitation de la durée d'exercice, anticipation de parcours possibles, formations, variété des tâches et des missions, conditions de travail et organisation du travail, etc. En un mot, ne pas se contenter de l'approche "gestes et postures", utile mais insuffisante, mais s'engager vers une véritable gestion durable des personnes.

 

Etat des lieux

 

Ndw15 / Chroniques territoriales.  Nos multiples travaux1 auprès des agents territoriaux, confirment le diagnostic suivant : Face aux profondes transformations en cours, l'action managériale a un effet déterminant sur le climat social. Certes, les multiples réorganisations et la réduction des ressources, par déstabilisation et intensification de la charge de travail, impactent le vécu des collectifs et des agents. Mais ce qui décide du résultat final est l'action managériale entreprise.

Nous identifions ainsi trois grands types d'expérience sociale de la transformation en cours.

1. La régression. Elle procède par perception du renforcement de la centralisation de la décision et des modalités de contrôle. Ce mode de pilotage guidé par une forte logique de sécurisation, et fréquemment emprunt d'une méfiance à l'égard des fonctionnaires, produit un double effet négatif : glaciation des relations et rétraction des espaces d'autonomie. Vécu comme une régression par des cadres sur-sollicités et en même temps devenus dépendants au chef, la perte de l'estime de soi vient alors s'ajouter à la déstabilisation comme aux multiples projets à mener dont l'accompagnement difficile des réorganisations. Elle met de nombreux cadres dans une situation difficile, voire en danger : multiplication des RPS en tout genre.

Ce sentiment régressif touche l'ensemble du corps social. En effet, au moment où la situation exige de faire appel à la personne de l'agent (donner de soi, s'impliquer, changer de manière de travailler, de penser, etc), cette modalité porte atteinte à son espace vital et ainsi la nie. Il n'est pas rare alors de rencontrer des agents, cadres ou non, qui pour se protéger et maintenir le sens donné à leur travail fixent leur énergie sur une tâche investie, se créant ainsi un espace de sauvegarde de soi.

2. La morosité. Règne ici le statu quo managérial. On rabote, on réorganise, et on accompagne socialement les transferts et fusions. Mais du point de vue managérial ou des modes de fonctionnement, rien ne se passe. On continue à faire comme avant alors que les fondamentaux sont clairement en train de bouger. Il y a bien adaptation, mais la modalité est ici purement réactive et se limite à une rationalisation économique subie asséchant peu à peu l'élan des acteurs. Le choc est certes moins rude que précédemment. Mais le "faire comme avant" n'ouvrant aucune perspective, mène nulle part.

3. Le renouvellement. Cette dernière expérience sociale se caractérise par la perception dʼavancées managériales significatives, en rupture avec ce qui se faisait communément dans la collectivité. Quelques occurrences simultanées ou successives suffisent à enclencher le processus. Entre elles, un lien sʼopère et, ce faisant, construit une règle dʼinterprétation : il y a une volonté dʼaller de lʼavant et de renouveler lʼunivers professionnel de la territoriale. Le champ des avancées possibles est large. Les figures les plus marquantes en sont : une logique d'action fondée résolument sur les usagers, lʼintensification des relations internes verticales et transversales pour un collectif plus coopératif, des projets dynamisant lʼaction individuelle et/ou collective, des signes de reconnaissance qui vont de la valorisation à une participation plus active aux décisions en passant par lʼaccroissement des marges de manoeuvre, un dispositif de formation plus soutenu, des outils-méthodes pour un plus grand professionnalisme, etc.

L'enjeu est d'enclencher un processus de transformation globale et de l'entretenir par enchaînements afin de renouveler lʼexpérience concrète du travail. S'ouvre ainsi la perspective dʼun devenir dans lequel les agents sont dʼores et déjà engagés. La dynamique positive devient alors le centre organisateur de la perception. Les agents évoquent une "révolution en cours" ou bien à affirment un "C'est mieux qu'avant !". La puissance des avancées essentiellement managériales est donc réelle : une perspective s'ouvre, un sens se dessine.

 

L'impact de l'action managériale est d'autant plus déterminant que ce bouleversement économique et institutionnel intervient au moment même où le rapport au travail est en mutation et les attentes sociales fortes. Dés lors, soit l’action managériale agit à contre-courant par la centralisation et le contrôle, soit, tout au contraire, elle parvient à capter cette attente et ouvre alors une voie aux agents.

C'est le chemin que nous tentons d'emprunter avec certains collectivités en prenant pour point d'entrée, le "mieux-être au travail" et pour objectif la coproduction d'un projet managérial à 1 an. Cet angle d'approche en redonnant une place à la personne au travail amène les collectifs à construire quelques actions-phares sur lesquelles se concentre leur énergie. Elles permettent de faire bouger les relations, les modes de fonctionnement, etc, et ainsi d'inscrire, rapidement et dans le réel, une dynamique visant à "mieux faire ensemble". Dans ce cadre et tels que les collectifs s'en emparent, le "mieux-être au travail" s'avère donc être bien plus qu'une simple compensation aux épreuves du changement, un véritable levier de transformation.

 

1 La nouvelle donne territoriale. Cahiers N°16 Observatoire social de la MNT, 2016. Paré à virer, livret RH MNT-ADGCF, 2017. Ré-enchanter le quotidien. Cahiers N°20 Observatoire social de la MNT, 2018.

 

 

Réorg, réorg, réorg... Et les modes de fonctionnement ?

 

Chroniques territoriales / Ndw 10 Réorganisation, fusion, mutualisation, les collectivités sont engagées dans un vaste mouvement structurel qui sans nul doute se poursuivra bien au delà de ce premier acte. La pression viendra tout autant de l'Etat, des nécessités économiques que des mutations majeures qui font évoluer sans cesse leur environnement. Ce moment signe donc l'entrée des organisations territoriales dans un processus inédit de transformation permanente.

1. Cependant, rappelons cette règle de base : Une organisation, c'est de la structure ET des modes de fonctionnements. Elle a plus à voir avec un organisme vivant qu'avec le squelette d'un organigramme. Ce qui donne à la transformation des modes de fonctionnements une place stratégique majeure.

Transformer les modes de fonctionnement :

- ouvre une perspective de renouveau de l'action publique dans laquelle les agents puissent se projeter et qu'ils attendent.

- soutient une dynamique d'évolution culturelle nécessitant que chacun puisse faire l'expérience concrète de nouvelles modalités de relations et d'actions professionnelles.

- donne de nouvelles marges de manoeuvre pour mieux répondre aux enjeux économiques et d'évolutions des services.

- et enfin et surtout, peut doter l'organisation d'une souplesse organisationnelle qui ne peut reposer uniquement sur des changements structurels répétés dont on a pu voir ailleurs les effets délétères. L'adaptabilité à acquérir réside bien plus dans les agents, leurs relations, leur manière de travailler etc,...que dans les structures.

2. Il est donc nécessaire de ne pas se laisser enfermer dans un "tropisme structurel". Un changement de structure, seul, ne surdétermine pas le renouveau de la production du service. Il peut créer des conditions favorables, une base qui oriente vers de nouveaux modes de fonctionnement, mais ceux-ci restent à construire.

3. De nombreuses collectivités ont mis en place des démarches de construction de nouvelles organisations auxquelles agents et managers prennent une part active. Ces démarches plus collaboratives rendent ce moment ré-organisationnel productif. S'y ébauchent de nouvelles formes de relations et de manières de penser et concevoir son activité.

Mais, nombre d'entre elles - limitant la mobilisation/réflexion collective à la seule production des contours des nouvelles structures ou bien la stoppant dès le schéma organisationnel fixé - ne tirent pas parti de ce que ces démarches produisent : des germes qui préparent le terrain pour demain.

Fixées sur les enjeux du présent, elles laissent la question de la structure surdéterminer le pilotage stratégique et se privent alors d'une opportunité d'enchaînement salutaire. Celui qui permettrait d'installer dans la durée de nouvelles modalités de travail et de relations et de construire, par anticipation, une organisation plus adaptée tout autant aux enjeux de demain qu'à à la réussite du projet politique.

 

Source : Jérôme grolleau " La nouvelle donne territoriale. De l'opportunité à la nécessité de changer ?" Cahiers N°16 de l'Observatoire Social Territorial de la MNT

 

Transformation managériale

 

Chroniques territoriales / Ndw 08. Sous le coup d'une baisse sensible des moyens et de restructurations diverses, de nombreuses collectivités se lancent dans des démarches d'évolution, voire d'innovation managériale.

Quelques réflexions et pistes d'approche:

1. Penser et agir système. Se focaliser exclusivement sur les pratiques des managers eux-mêmes et plus particulièrement celles des managers de proximité me semble être un piège à éviter. L'activité managériale de proximité est certes stratégique et les managers en première ligne. Mais elle est aussi le fruit d'un système managérial global. Transformer, c'est donc agir sur l'ensemble des grands déterminants de l'action managériale : communication, RH, pilotage, pratiques managériales, etc.

Par ailleurs, un système managérial est aussi un système de relations entre acteurs. Transformer consiste alors à faire évoluer les places, les rapports et les pouvoirs des uns et des autres. Cette reconfiguration des rapports sociaux est déterminante. En produisant de forts effets de reconnaissance, elle ouvre la voie à une appropriation de la transformation. Un manager de proximité dont la voix est plus reconnue, acquiert un pouvoir d'influer sur le cours des choses et accéde ainsi à une place plus stratégique.

Cette évolution des places et des relations n'est pas circonscrite au seul collectif managérial, mais intégre aussi et surtout les collaborateurs qui oeuvrent quotidiennement à la production du service public local, comme les usagers pour qui celui-ci est produit. Ils ne sont pas hors système !

2. Il s'agit d'instituer des pratiques qui rompent avec ce qui se fait communément dans la collectivité et de les inscrire dans le fonctionnement pérenne de l'organisation. Faire du collaboratif un mode de fonctionnement régulier de l'organisation - au plus près des équipes et sur le quotidien du travail - est plus productif que de faire du participatif dans les grandes occasions ( exemple : élaboration du projet d'administration). L'enjeu est de ne pas se contenter de "coups".

C'est en introduisant des dispositifs concrets sur des champs multiples, fabriqués et expérimentés avec les acteurs concernés, que s'apprennent et se découvrent de nouvelles manières de concevoir sa place et son action. C'est ainsi qu'une dynamique d'évolution culturelle se met en marche.

Instaurer un outil de diagnostic au sein d'une équipe favorise l'émergence d'une culture de l'ajustement permanent et donc de l'innovation. Insituter un RDV-parcours avec les RH facilite le développement d'une culture de la mobilité (pose l'objet mobilité professionnelle dans les têtes, amène à penser son parcours et son rapport à l'organisation, etc). Mettre en place des retours d'expérience, des débriefing, etc stimule une culture de l'apprentissage.

3. Guidée par quelques orientations fortes, c'est une démarche qui se doit d'être piloter en continu, de manière soutenue et avec constance. Elle s'ancre dans un présent en mouvement, tire parti des circonstances et de ce qui est mis en place dans les divers champs constituant alors de nouvelles occasions d'avancer. Chaque pas sert d'appui et invite au pas suivant.

Cette logique d'enchaînements continus procède alors de manière pragmatique et non programmatique. Elle rompt ainsi avec la planification stratégique qui généralement à une longue phase d'élaboration souvent participative fait suivre une tout aussi longue phase de déclinaison dans les services.

Elle entretient une mise en mouvement permanente. Une avancée ici, une autre là, et puis, celle-ci qui permet celle-là, qui misent en rapport les unes avec les autres, dessinent progressivement un autre système managérial, d'autres relations possibles entre les acteurs,..., soit, une nouvelle forme (effet système).

Affaire de dirigeants ? Oui et non. Oui, car ils doivent impulser, autoriser, faciliter. Non car c'est l'affaire d'un collectif et de tout manager qui peut, à son échelle, s'autoriser à porter et produire des avancées au nom de la place qu'il tient et de la mission qui lui est confiée.

Source

Jérôme Grolleau. La nouvelle donne territoriale. De l'opportunité à la nécessité de changer ? Cahiers N° 16 Observatoire social et territorial de la MNT. Avril 2016.

 

Nouvelle donne territoriale. Contre-effectuer l'événement.

 

Chroniques territoriales/Ndw07. Tout collectif peut se trouver dans la situation où il subit les mutations qui se manifestent pleinement à l’occasion de l’événement. Des dynamiques puissantes poussent les acteurs dans ce sens. Mais il peut aussi y faire face. L’événement agit alors comme un stimulant, réveille le corps social et l’invite à ouvrir d’autres possibles, d’autres devenirs dans lesquels il peut se reconnaître.

Contre-effectuer est au coeur de toutes les épreuves individuelles ou collectives. Dans tous les cas, l'opération consiste à absorber, faire travailler, utiliser, détourner et réorienter la force qui s'impose. En prenant appui sur l’énergie que l'événement re-mobilise, il s’agit, comme lorsque l’on fait une contre-proposition, d’explorer les possibles et tenter d’y trouver une voie praticable et désirable, plutôt que de se plier à une logique qui paraît implacable.

À ce titre, la contre-effectuation (Zarifian 2012) est toujours une manière de re-subjectiver ce qui arrive et vous « tombe dessus ». Ne pas en être l’objet, mais reprendre la main.

1. Réforme territoriale et baisse des dotations de l'état produisent une secousse dont chacun sent bien qu'elle marquera un tournant dans l'histoire des collectivités. En ce sens, elle fait donc événement.

Aux yeux des agents, ce tournant peut tout aussi bien prendre la forme d'une spirale négative qui déstabilise les équilibres et accentue le sentiment de vulnérabilité sociale que constituer le point de départ attendu et nécessaire d'un renouveau des modes de fonctionnements internes et des relations des uns et des autres.

La déstabilisation a ici cette vertu de mettre en éveil, de rendre les interrogations - sur ce que l'on fait, comment on le fait, pour quoi on le fait - plus vives, de sortir de la victimisation médiatique et passer à l'autocritique lucide, de révéler et accélérer des évolutions culturelles qui laissent entrevoir de nouvelles manières de penser et d'agir. La situation est donc ouverte et dynamique.

2. Prise sous cet angle, la force d'impact de la secousse constitue donc une impulsion initiale sur laquelle prendre son élan. Elle est porteuse de déstabilisation, certes, mais aussi de mise au travail psychique et d'une énergie potentielle à transformer en énergie cinétique. 

Ce point de vue prend à revers le réflexe qui consiste à atténuer l’impact qui déstabilise. Or manager n’est pas ménager. S'il peut en faire partie, il n’en est pas le coeur. Et en l’occurrence, nous pensons qu’il est plus judicieux d’entretenir le mouvement initial, de le prolonger et le guider, plutôt que de chercher vainement à l’amoindrir.

La nouvelle donne territoriale invite alors les dirigeants comme les managers à doubler la question difficile de son application d'une seconde question encore plus stratégique. Qu’est-il possible d’entreprendre, non pas malgré elle, mais à partir d’elle ? Que faire de cette impulsion initiale ? Comment prolonger son effet dynamique ? Où l’emmener ? Comment agir dès l'amont et quelle direction lui donner ?

Sur cette question, le point de vue des agents est clair : Transformer le système managérial.

 

Source.

Philippe Zarifian. Sociologie des devenirs. L'Harmattan.2012. 

Jérôme Grolleau. La nouvelle donne territoriale. De l'opportunité à la nécessité de changer ? Cahiers N°16 Observatoire social territorial de la MNT. 2016

 

Fusion : Rendre les écarts féconds

 

Chroniques territoriales/Ndw05. Un cadre d'un Conseil Régional "en fusion" me faisait part de tout l'intérêt qu'il portait aux échanges avec ses homologues. L'apport principal était à ses yeux de découvrir des écarts dans les manières de faire. " Ils ne font pas comme nous. Et pourtant nous sommes dans l'administration ! "

Quels enseignements en tirer ?

1. Si il y a écart dans le faire, c'est qu'il n'y a pas UNE manière de faire inscrite dans le marbre et qui serait historiquement fondée. Non seulement des pistes s'ouvrent, deux en l'occurence. Mais l'existence de ce deux signifie qu'il peut y en avoir trois, quatre, etc. L'écart dissout l'illusion du marbre, crée un vide et ouvre potentiellement un espace de créativité.

2. En remettant en cause ce qui n'était pas interrogé et qui pourtant fondait l'action, l'écart a un effet réfléchissant qui constitue l'apport tout autant professionnel que personnel de la rencontre. Il permet de se réfléchir et de réfléchir: prise de recul, pas de côté réflexif.

3. Paradoxalement, l'écart rapproche. C'est  le moteur de la construcion du lien. Sur fond de similitude ce bout d'altérité vient vous dérégler, vous surprendre et fait, au sens fort, rencontre. Comme toute véritable rencontre, elle fait naître un désir de poursuivre l'échange, appelle une suite, soit le début d'une histoire. Pas celle écrite en haut, mais celle vécue en bas et faite de multiples interactions.

4. Quand elles fusionnent, mutualisent, font groupe, etc. les organisations ont souvent tendance à se focaliser sur ce qu'il y a de semblable chez les uns et chez les autres et à construire un socle se résumant au plus petit dénominateur commun. Elles réduisent l'écart et font à la lettre fusion: deux ne font qu'un.

Plutôt que de vouloir trop rapidement réduire l'écart comme on réduirait une fracture en en rapprochant les deux bouts pour qu'ils n'en fassent plus qu'un, il est souhaitable de rendre l'écart fécond afin que deux donnent naissance à un. (Procréation plus que fusion !)

5. Plus que sur les différences identitaires, les écarts qui comptent portent sur le faire : comment fais-tu ? Et à partir de là, qu'allons-nous faire ensemble, comment allons-nous nous organiser, que nous apportons-nous mutuellement et nous transforme, qu'allons-nous construire ensemble, etc.

C'est une approche pragmatique. Elle se base sur l'action, rend l'écart productif et donne toute sa place aux acteurs, à tous les niveaux de l'organisation. Cette dernière crée les conditions pour que cela se passe mais ne construit pas à la place des acteurs. Elle laisse le jeu des interactions se déployer.

Le commun c'est ce que l'on construit grâce à l'intelligence collective que nos écarts produisent.